A propos du séminaire

« Faire commun en recherche (s) » est un séminaire doctoral du Laboratoire Experice (Université Paris 8 – Saint-Denis, École doctorale Sciences sociales), qui s’inscrit dans la dynamique du réseau des Fabriques de sociologie. Le séminaire est animé par Pascal Nicolas-Le Strat, sociologue, professeur en sciences de l’éducation. Il est ouvert à tout chercheur-euse intéressé-e, quel que soit son statut ou son cadre d’activité (sans inscription).

La première séance s’est tenue le vendredi 23 septembre 2016 à l’Université Paris 8 – Vincennes Saint-Denis

L’intitulé de ce séminaire joue volontairement à double sens. Dans une première acception, il peut être entendu comme une exigence et un désir de coopération, de participation et de co-création au sein des processus de fabrication de la recherche (en sciences sociales). Dans une seconde acception, il peut être reçu comme la nécessité de mettre en recherche (en exploration, en expérimentation, en épreuve) la constitution du / des communs au sein de notre société, et ouvre donc un champ d’investigation sur la façon d’outiller conceptuellement et pratiquement la coopération, l’engagement participatif, l’autogestion ou encore la co-création.

Mettre en recherche le commun et faire recherche en commun constituent les deux versants d’un même enjeu épistémologique, à savoir la capacité de la recherche en sciences sociales à répondre aux nécessités démocratiques et émancipatrices que le mouvement social actuel réactive et réactualise avec force.

Le séminaire confronte donc la recherche en science sociale à une double épreuve : à l’épreuve de ses propres dispositif (en quoi la pratique de recherche répond à un idéal démocratique de coopération et de participation ? Dans quelle mesure met-elle en pratique l’idéal du commun / un idéal de commun ? Quelle place va-t-elle prendre dans ce processus de transformation sociale qui implique pareillement les pratiques de soin, d’art, d’architecture, d’éducation… ?) et à l’épreuve des questions que les radicalités sociales contemporaines lui adressent (dans quelle mesure la recherche en science sociale se saisit de l’exigence contemporain du commun / des communs ? Quelle peut être sa contribution à cette dynamique de transformation sociale ? Avec quels outils conceptuels et filiations théoriques peut-elle relever ce défi ?).

Ces deux axes de questionnement se déterminent réciproquement. Comment penser une recherche sur le commun qui ne se pratiquerait pas dans les termes d’un commun ? Comment mener une recherche sur la participation ou la coopération sans impliquer, dans son mouvement même, des dispositifs participatifs et coopératifs ? Comment la science sociale peut-elle parler d’action sans être elle-même en action ? (recherche-action, recherche-création, recherche collaborative…).

Le séminaire rouvre donc la question de l’engagement critique en sciences sociales / des sciences sociales, tant du point de vue de l’activité de recherche, de son épistémopolitique que de l’implication des chercheur-es

Dans la continuité des paradigmes du laboratoire Experice (analyse institutionnelle, écritures impliquées, gender studies, postcolonial studies, critique sociale, savoir situé et chercheur-e impliqué-e…), le séminaire sera attentif à mettre la recherche à l’épreuve de ses dispositifs, le chercheur de ses implications, l’auteur de ses écritures, la science sociale de son épistémopolitique.

La notion de commun retenue pour ce séminaire est de nature radicalement démocratique (plurielle et pluraliste, débattue et controversée) et écosophique (en prise avec des expériences de vie et d’activité, située et en contexte), expérientielle et existentielle (constitution subjective, équipement collectif, forme institutionnelle). Le terme n’est pas nécessairement un mot-valise mais plutôt une notion-sac à dos qui permet d’arpenter nombre de questions soulevées par les radicalités contemporaines : occupation, autonomie, communauté, collectif, Do It Yourself, coopération, open source, co-création… Elle sera donc explorée transversalement à plusieurs champs et perspectives : art, urbain, musique, enseignement, soin, alimentation, jardinage, habitat, éducation, production et consommation collaboratives, intervention sociale… et à plusieurs filiations théoriques critiques. À partir de cette notion de commun, il s’agira aussi de reconstituer les antériorités conceptuelles et méthodologiques utiles à l’engagement critique contemporain.